C’est en écoutant Gaël Meunier, explorateur français, que Morgane se retrouve face à l’évidence. Au départ, rien ne lui était destiné, seulement, moins d'un an plus tard la voici partie en route pour un tour de la Bretagne en solitaire. Sur son chemin, beaucoup de rencontres viendront nourrir ses expériences et sa réflexion.
Découvrez son témoignage. Un voyage de reconnexion. Avec son prochain, et la beauté sauvage de la nature. Un hommage à la simplicité du voyage à vélo.
Dix mois avant mon départ, j'ai découvert le voyage à vélo à travers le récit de Gaël Meunier, qui présentait son film sur sa traversée de Lyon à Istanbul au festival What a Trip à Montpellier. À cet instant, une petite graine s'est plantée dans mon esprit, et l'envie de partir à vélo à mon tour n'a cessé de grandir.
C'est ainsi qu'en juillet, je me retrouve à la gare de Pornichet, mon vélo prêt, les sacoches remplies. Prête à monter en selle. Je pars alors seule faire le tour de la Bretagne en ayant un mois devant moi. Mon objectif est de longer la côte le plus possible, de retrouver les paysages qui ont construit mes étés d'enfance. Dès le départ, c'est une sensation de joie et de liberté énorme qui me porte. Les paysages varient entre verdure luxuriante et mer turquoise, et le rythme tranquille de mon vélo me permet de m'imprégner de chaque lieu.
Je réalise rapidement que les gens sont très curieux ; à chaque arrêt, beaucoup viennent me poser des questions sur mon voyage, et je fais ainsi la rencontre de nombreux locaux ou vacanciers chaleureux. On me dit souvent que je suis courageuse, surtout de voyager seule. Cela me fait plaisir, mais en même temps, cela me rappelle combien nous restons souvent dans notre zone de confort pour éviter de confronter nos peurs.
Mon vélo est pour moi au contraire un moyen d'émancipation, je m'y sens à l’aise et en sécurité. La nature qui m'entoure m'émerveille et ne me laisse pas de place pour la peur.
Dès la première nuit, je trouve un petit havre de paix au fond d'un champ, sous un grand arbre. Les grenouilles et les criquets sautent autour de moi, et une petite rainette curieuse s'invite même dans ma sacoche, peut-être aussi désireuse de découvrir la Bretagne que moi ?
Après cette nuit, je m'habitue vite à dormir dans des champs, derrière de petites chapelles ou près de la mer sauvage. Je m'arrête aussi parfois dans des campings pour recharger mes batteries, prendre une vraie douche et, surtout, rencontrer d'autres voyageurs autour d'un cidre (ou deux). Beaucoup d'entre eux suivent le GR34. On partage nos galères et nos émerveillements.
J'ai également la chance de connaître quelques personnes sur la route qui m'accueillent pour une soirée, ou plus. Ces moments de partage enrichissent mon voyage et je suis toujours merveilleusement bien accueillie. Mon aventure prend vie dans ces moments de récit.
Mes premiers coups de pédales sont en Loire-Atlantique. Alors c'est la Bretagne ou non ? Pour moi, ça l'est. Je découvre les marais salants de Guérande, c'est un peu la Camargue bretonne.
Mes débuts sont un peu bancals. Je pars avec la purge de mes freins qui n'était pas faite, ce qui rend mon freinage difficile et surtout un peu dangereux. Alors par chance, j'appelle l'atelier Décathlon de Lorient et il me propose de passer dès le 3 jours de mon voyage. Je traverse rapidement le Morbihan pour entrer dans le Finistère Sud.
Le soir, je m'arrête une journée à Concarneau chez Stéphanie et Thierry, des amis de mes parents. C’est mon premier arrêt où je prends le temps de faire un point et réorganiser mon matériel.
De retour en selle, l'utilisation du GPS sur mon téléphone consomme beaucoup d'énergie, malgré mon chargeur externe. Je tombe rapidement en rade de batterie, c’est pour cela que je prends le temps et le goût de m'arrêter le matin dans des boulangeries pour recharger mon téléphone. Encore une fois, c'est l'occasion de faire de belles rencontres, parfois, on m'offre le café et souvent une belle discussion.
À Loctudy, Île-Tudy et Bénodet, je retrouve des souvenirs lointains. Pour moi, ces lieux sont magiques, hors du temps, et le paysage donne l'impression d'être à l'autre bout du monde. Je profite de quelques failles sur la côte pour prendre de petits bateaux passeurs d'une rive à l'autre.
Mais attention, c'est aussi à partir de là que le dénivelé commence à vraiment piquer les jambes. Hé oui, la Bretagne ce n'est pas très haut en altitude, mais c'est rempli de dénivelés, ça monte, ça descend, ça remonte, ça redescend et... Ça remonte.
Au Guilvinec, je m'arrête une petite heure dans La Chapelle de Saint Trémeur où se joue un concert du Duo Dryades. Petit moment suspendu.
En continuant mon itinéraire, je passe la Pointe du Raz, majestueuse, et dégagée, ce n'est pas toujours comme ça apparemment, bizarre pour la Bretagne ^^. Le soir de ma journée à la Pointe du Raz, je dors dans un champ et je surprends un renard qui chasse pas loin de moi. On se fixe pendant de longues minutes.
Le lendemain, je rencontre onze cyclistes suisses à Douarnenez, et nous pédalons ensemble pendant une partie du trajet. Passer de seule à douze crée une dynamique totalement différente et vraiment agréable ! Nous partageons un repas dans une crêperie avant de nous séparer, le sourire aux lèvres. Je me perds ensuite quelques jours sur la presqu'île de Crozon. La pluie étant au rendez-vous, je fais de petites distances chaque jour, entre auberges et campings. À Landévennec, je passe deux jours au sec dans l'auberge de Marine "Mer-Mad", encore une belle rencontre.
À Brest, je retrouve Lisa, une de mes meilleures amies, et ses parents. Nous profitons ensemble des Fêtes Maritimes. En repartant de Brest, je fais quelques kilomètres avec Hubert, rencontré en chemin, qui se prépare lui aussi à un voyage à vélo en Italie.
Vers mon quinzième jour de voyage, j'arrive à Menez-Ham, un vieux village niché entre de gros rochers, un des lieux que j'avais hâte de revoir. C'est aussi impressionnant que dans mes souvenirs. Le lendemain, je découvre la plage des Amiets, avec son sable blanc et son eau turquoise... un paysage sublime. Après cela, je rejoins Roscoff, puis Morlaix, d'où je prends le train pour rejoindre la maison de mon arrière-grand-mère (Mamm-Gohz) à 20 kilomètres de Carhaix. Là, entourée de champs à perte de vue, je prends quelques jours de repos avant de retrouver Manon, une autre de mes meilleures amies.
Après ces quelques jours tranquilles, je rejoins Manon à Morlaix. Malgré la pluie, nous partons pour la cabane des douaniers de Primel-Trégastel, où nous trouvons un petit spot sur la plage pour dormir. Partager ce voyage avec Manon est un vrai bonheur, même si nos cuisses en souffrent ! Nous nous arrêtons chaque jour au marché, nous régalons de kouign-amann, et faisons des pauses café, bière, et cidre bien sûr. Un matin, en quittant un camping sur l'Ile-Grande, je découvre que mon pneu est à plat. Alors, on rigole bien avec les habitants du camping qui veulent tous nous donner de l’aide. Nos trois ou quatre jours ensemble passent trop vite, et nous nous disons au revoir à la gare de Paimpol.
Il ne me reste plus beaucoup de kilomètres pour atteindre mon point final, le Mont-Saint-Michel. Je prends donc mon temps pour profiter de la côte magnifique des Côtes-d'Armor, qui porte bien son nom : ça grimpe fort ! Durant ces derniers jours, j'ai fait escale chez plusieurs amis de mes parents, partageant avec eux de précieux moments. Je réalise mon dernier objectif à Cancale : déguster des huîtres au bord de mer et savourer une glace chez le glacier Moustache. Et voilà qu'après environ 1 500 km et 13 000 m de dénivelé, j'arrive au Mont-Saint-Michel. L'aventure s'arrête ici, ou presque... :)
Je passe encore deux jours sur mon vélo pour aller voir la forêt de Brocéliande. Je dors sur un terrain transmis par mes grands-parents où se trouvent un petit chalet et une caravane. On y passait notre enfance, à récolter du miel, fabriquer des cannes à pêche et des arcs en bois de noisetier.
Je reste ensuite quelques jours près de Rennes chez des Katia et Benoît, ce qui me permet de me reposer un peu avant de prendre le train pour retourner dans le Sud. Dernière épreuve : traverser la gare Montparnasse en dix minutes avec un vélo démonté sur l'épaule. Pas facile, mais j'y arrive !
Ouf ! Maintenant, l'aventure est vraiment terminée, mais j'ai déjà hâte de repartir !
Quand j’ai découvert La Trace quelques jours avant mon départ, j'ai directement pris contact avec eux parce que j’ai vu qu’ils travaillaient beaucoup sur les itinéraires de Bretagne. Aussi, ce n'est pas forcément évident de trouver des informations sur un itinéraire que l'on veut faire, les points d'intérêt, les lieux sympas à visiter et où dormir. Et surtout, j’ai adoré le concept. Les itinéraires de La Trace sont extrêmement bien pensés, très intuitifs et peuvent s'adapter à tous les projets.
Peut-être une nouvelle aventure bientôt avec La Trace ? Je l’espère !
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Nous vous proposons ici un itinéraire similaire à celui de Morgane, le "Grand Tour Épique de Bretagne", dans une version sportive de 11 jours.